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Déclaration de Mouloud AOUNIT
Samedi 1er février 2006, le Conseil d’administration du MRAP, par 21 voix contre 6 et une abstention, a pris la décision d’engager le MRAP à porter plainte contre le journal France Soir pour une seule des douze caricatures reproduites du journal danois Jyllands Posten, celle représentant le prophète de l’islam enturbanné d’une bombe. Cette décision était clairement fondée sur le caractère raciste – et non religieux – de l’insupportable amalgame « Mahomet = islam = musulmans = terroristes en puissance », rendant ainsi l’ensemble des musulmans coupables et comptables des monstruosités commises par des fanatiques au nom de l’islam.
Depuis lors - sans l’honnêteté, le recul et la sérénité qui auraient dû s’imposer à tous absolument dans le traitement de cette question devenue de plus en plus politiquement explosive tant au niveau national qu international - un déchaînement de contre vérités, ressortissant le plus souvent à une méconnaissance coupable de la complexité du dossier, à la mauvaise foi, quand il ne s’agit pas tout simplement d’une calomnie de bas étage, s’abat contre le MRAP et son Président, Mouloud AOUNIT.
Ainsi le numéro de Marianne, daté du 17 février 2006, n’hésite pas à me comparer à Jean-Marie Le Pen (merci du peu !), tandis que son rédacteur en chef, Jean-François Kahn m’assimile à un idiot.
C’est à ces personnalités – dont on aurait attendu plus de recul, de sagesse, de pertinence, de discernement et de retenue - que revient l’initiative d’avoir travesti la position clairement exprimée du MRAP contre l’amalgame raciste, très précisément véhiculé par cette caricature à la bombe. Un tel amalgame, devenu de plus en plus courant après les tragiques attentats du 11 septembre 2001 et par la non moins tragique situation du Moyen Orient, entre dans le champ de ce que les Nations Unies qualifient de « formes contemporaines de racisme ».
Dans le cas d’espèce, il s’agit bien d’une forme particulièrement agressive de racisme anti-musulman, qualifié d’ islamophobie tant par les Nations Unies (Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme) que par l’Observatoire des phénomènes racistes et xénophobes (EUMC) de l’Union européenne, sans oublier les associations antiracistes européennes. Ainsi, la coordination nationale danoise du Réseau européen contre le racisme – ENAR – n’hésitait pas, dès avant le 11 septembre, à évoquer les progrès inquiétants de l’islamophobie dans ce pays. Ce phénomène était clairement identifié dans des rapports 2002 puis 2003 de l’ EUMC sur trois tables rondes relatives à la « Lutte contre l’antisémitisme et l’islamophobie », organisées par l’ancienne Commissaire de l’Union européenne, Anna Diamantopoulos qui appelait à une "culture de cicatrisation". Au coeur de la tourmente actuelle, c’est précisément à cette « culture de cicatrisation » que reste inébranlablement attaché le MRAP
Son
Congrès 2004 s’est prononcé pour la poursuite du combat contre l’islamophobie
dans le cadre de la définition légale de la provocation et de l’injure
raciste « commise envers une personne, un groupe de personnes à raison de leur
origine, de leur appartenance ou de leur non appartenance à une ethnie, une
nation ou une religion déterminée ». Son assemblée générale 2005 l’a réaffirmé.
Tout le reste relève du droit à la liberté de pensée et d’expression (y compris la libre critique des religions) et le MRAP ne saurait s’y immiscer.
De même, dans un registre similaire, le MRAP avait-il décidé de poursuivre M. Chagnon, professeur d’histoire, qui dans un cours sur le monde musulman, avait affirmé devant des élèves de 5e que « Mahomet avait fait exécuter 600 à 900 juifs par jour » et qu’il allait « se transformer en voleur et en assassin et imposer sa religion par la terreur »
Suite à un procès intenté par le MRAP à cet enseignant, la justice a reconnu
qu’il était du rôle du MRAP d’être vigilant : « Il ne saurait être
reproché à cet égard au MRAP ni d’avoir agi comme association militante,
qualité qu’elle revendique, ni de l’avoir fait à la légère en invoquant
la provocation à la haine que lui paraissaient constituer les propos tenus en
cours par Chagnon . Cette association militant contre les discriminations et en
faveur du rapprochement entre les peuples a pu estimer que de tels propos étaient
passibles de poursuites pénales ou méritaient pour le moins que la question de
la justice fût soumise à un tribunal ».
Mouloud AOUNIT Président du MRAP
Paris, le 13 février 2006 |
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