Nancy 29 juillet 2006

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Intervention lors du rassemblement place Maginot du samedi 29 juillet 2006

Il y a trois semaines, nous étions déjà rassemblés place Maginot pour exprimer notre indignation face à l’agression criminelle dont était victime la population palestinienne à Gaza. Malheureusement, nous n’avions pas encore tout vu.

Depuis, la violence aveugle de l’armée israélienne s’est déchaînée contre le Liban. Encore une fois, c’est le même prétexte : l’enlèvement d’un ou deux soldats israéliens. Pour Israël, s’en prendre à quelques soldats qui servent sa politique justifie d’écraser un peuple entier, libanais ou palestinien, de détruire ses infrastructures, ses maisons, sa population civile.

En quinze jours, la véritable guerre lancée par Israël contre le Liban a déjà fait plus de 450 morts, civils pour l’essentiel. Du Sud à la Bekaa, de Beyrouth à ses banlieues populaires, de Tyr à Tripoli au Nord, c’est par milliers que les Libanais sont contraints de tenter de fuir les bombardements de l’aviation israélienne et des chars massés à la frontière. De tenter seulement, car les dizaines et les dizaines de tonnes de bombes larguées sur le pays ont déjà détruit les principales routes, de même que les ponts ou les centrales électriques.

Les civils paient le prix fort de cette nouvelle guerre qui leur est imposée. Qu’ils transportent du pain, du lait ou des réfugiés, les camions sont systématiquement visés. Bombardés. Carbonisés. Comme les usines, qu’elles produisent du lait ou entreposent des couches-culottes.

Les dégâts des bombardements israéliens au Liban étaient déjà évalués à plusieurs milliards de dollars au dizième jour de cette guerre menée du ciel et du sud. Quelque six ans après l’évacuation forcée des troupes israéliennes du Liban, c’est tout ce que celui-ci était parvenu à reconstruire qui s’effondre en quelques jours.

Les accès aux centres vitaux deviennent impossibles, sauf au risque de sa vie, qu’il s’agisse de l’eau ou des médicaments. Et, si tout le pays est atteint, les populations les plus pauvres, les plus fragilisées par les carences d’investissement de l’Etat, sont les plus touchées.

Parmi les populations les plus pauvres, il y a les 400000 réfugiés palestiniens dont 200000 vivent dans une douzaine de camps. Voilà près de 60 ans qu’ils ont été chassés de Palestine par les armées sionistes au moment de la création d’Israël. Ils sont privés de beaucoup de leurs droits, par exemple 70 métiers qualifiés leur sont interdits, et vivent depuis 60 ans dans des conditions précaires. Ceux des camps du Sud sont les plus exposés. Le camp de Rachidieh a été bombardé ces derniers jours. Trop pauvres, ses habitants n’ont souvent pas les moyens de fuir vers le Nord.

Il y a une semaine j’ai reçu un appel au secours de Leila El Ali, la directrice de l’association Najdeh qui fait un travail magnifique dans les camps de réfugiés palestiniens du Liban. A Nancy, nous connaissons bien Leila El Ali qui est venue nous rendre visite il y a deux ans. Elle demande que nous envoyions de l’argent pour acheter des produits de première nécessité pour 6000 familles palestiniennes et libanaises totalement démunies. L’association a besoin de deux millions et de demi de dollars. Si vous souhaitez répondre à cet appel, il suffit d’envoyer un chèque à l’ordre de l’AFPS à l’adresse qui figure sur les tracts.

Après tout cela, Israël a le culot de faire passer ses actions criminelles pour de la légitime défense contre le Hezbollah. En France, il se trouve même des personnages médiatiques comme Bernard Henri Lévy pour relayer cette thèse Bernard Henri Lévy qui est venu à Nancy recevoir le prix des droits de l’Homme au Livre sur la Place.

Il faut rappeler que les bombardements du Hezbollah contre le nord d’Israël sont venus en réaction contre les bombardements massifs d’Israël sur le Liban. La terreur aveugle quand elle s’exerce contre des civils est condamnable, que les victimes soient Palestiniens, Libanais ou Israéliens. Mais cela ne doit pas être une raison pour dissoudre les responsabilités. Il y a une semaine, une roquette du Hezbollah a tué deux enfants arabes israéliens à Nazareth. Le père des deux victimes et le maire de Nazareth ne s’y sont pas trompés : ils ont refusé de s’en prendre au Hezbollah et ont mis en cause le premier ministre israélien Ehud Olmert.

Ces derniers jours, dans les média, pour sortir de la crise, on ne parle plus que d’une seule mesure: l’envoi d’une force multinationale au Liban pour mettre en application la résolution 1559 qui vise à désarmer le Hezbollah.

Aujourd’hui Israël a déjà perdu la guerre : militairement, ses forces au sol sont bloquées par la farouche résistance des combattants du Hezbollah qui lui font subir de lourdes pertes. Sur le plan politique, il espérait, comme pendant la guerre civile de 1975 à 1990, dresser les Libanais les uns contre les autres. Les Libanais ont répondu en s’unissant dans un élan national pour la défense du pays. Le Hezbollah a vu son prestige rehaussé au Liban mais au delà dans tout le monde arabe.

Derrière Israël, il y a les Etats-Unis avec leur projet de nouveau Moyen-Orient, qui voudraient réduire toute résistance à leurs visées hégémoniques dans la région. Ce qu’ils n’ont pas pu obtenir sur le terrain militaire, ils vont chercher à le gagner par la diplomatie. Ainsi, ils ne seraient pas mécontents de voir l’Europe s’engager dans une force multinationale au Liban dirigée contre le Hezbollah.

Dans le même temps où les yeux du monde sont tournés vers le Liban, Israël peut poursuivre en toute impunité sa politique de destruction de la Palestine en s’acharnant contre Gaza. Même s’il est un peu long, voici le bilan dressé par Centre Palestinien pour les droits de l’Homme de Gaza depuis le début de l’offensive sur Gaza :

·        157 Palestiniens, pour la plupart des civils, dont 33 enfants et 8 femmes ont été tués en un mois

·        Au minimum 700 civils dont 158 de jeunes de moins de 18 ans et 21 femmes ont été blessés par des tirs.

·        Au minimum 170 missiles air / sol et des centaines d’obus d’artillerie ont été tirés sur des cibles de la résistance et sur la population civile de la bande de Gaza.

·        Les immeubles du ministère de l’intérieur, des affaires étrangères et de l’économie, ainsi que les bureaux du premier ministre et plusieurs établissements scolaires ont été détruits

·        La centrale électrique assurant 45 % de l’alimentation de la bande de Gaza et des transformateurs et relais ont été détruits

·        6 ponts et plusieurs routes vitales détruites paralysent la vie de la bande de Gaza

·        Des dizaines d’hectares de plantations prêtes à être récoltées et moissonnées ainsi que des dizaines de maisons ont été détruits, défoncés, saccagés

·        Des centaines de civils, 8 ministres et 26 parlementaires élus au Conseil législatif ont été emprisonnés

·        De nombreuses familles de Rafah, Beit Hanoun et Beit Lahia ont été sommées de quitter leurs maisons. Elles sont, depuis cette semaine, prévenues par téléphone peu avant le bombardement.

 

Depuis des années, les Palestiniens demandent que l’ONU envoie une force internationale pour les protéger. Mais peut-on compter encore sur l’ONU quand on voit qu’elle n’est pas même pas capable de condamner l’assassinat délibéré de 4 de ses soldats par Israël ? Au contraire, l’ONU est en train de retirer honteusement les soldats de la FINUL les plus exposés du Sud Liban. Ainsi Israël pourra continuer à massacrer et à détruire mais sans témoins.

La communauté internationale, par son silence, est complice de l’agonie de Gaza. Combien de temps restera-t-elle sans réagir face aux violations quotidiennes des règles les plus élémentaires du droit international et du droit international humanitaire ?

La France, dans d’autres circonstances, a su montrer sa détermination à défendre les principes du droit international. Son refus de participer à la guerre américano-britannique en Irak lui a valu une reconnaissance légitime des citoyens des deux rives attachés au droit, à la paix, à la justice, au respect des droits des peuples dans leur diversité.

Au lieu de réorienter à grands pas sa diplomatie vers un suivisme piteux du néo-conservatisme américain, elle se grandirait à défendre enfin le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

L’inertie de la communauté internationale est un encouragement pour Israël à poursuivre son agression. Suite à l’échec de la conférence de Rome cette semaine, voici ce que déclarait le ministre de la justice israélien, Haïm Ramon :

« Hier à Rome, nous avons eu de fait la permission du monde -la moitié en grinçant des dents, l'autre moitié en donnant sa bénédiction- à poursuivre notre opération, cette guerre, jusqu'à ce que le Hezbollah disparaisse du Liban et qu'il soit désarmé. »

Seule une politique de sanctions économiques, politiques et diplomatiques peut faire reculer le gouvernement israélien. A commencer, pour l’Europe, par la suspension de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël.

Ecrivons au président de la République et à nos élus pour le dire !

Nancy, le 29 juillet 2006

Cette page a été mise à jour le 24 sept. 2006 .

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