Situation au Liban

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Rassemblement du 2 septembre 2006 à Nancy

Certains pourraient se demander que maintenant qu’il y a le cessez-le feu au Liban pourquoi continuer à se rassembler à Nancy ? C’est vrai que nous nous sommes tous réjouis de de ce cessez-le-feu qui permet enfin à la population de revivre après un mois d’enfer.

Mais cela n’effacera pas pour autant les morts, les blessés et les destructions massives causées par l’armée israélienne. À ce sujet, le rapport d’Amnesty International sur les attaques israéliennes contre les infrastructures civiles au Liban, publié le 23 août dernier, est particulièrement éloquent. Ce rapport recense les victimes humaines : 1 183 tués dont un tiers d’enfants, 4 054 blessés et 970 000 déplacés.  Pour se justifier, Israël avance la thèse de la population civile utilisée comme bouclier humain par le Hezbollah. Le rapport démontre cette thèse à partir de faits irréfutables et en arrive à la conclusion que les civils ont été délibérément visés. L’utilisation de bombes à sous-munitions va dans le même sens. Le rapport recense aussi les dommages énormes infligés aux biens matériels. Il mentionne notamment la marée noire le long des côtes libanaises, qui est une catastrophe écologique et économique. Il conclut en disant qu’Israël s’est rendu coupable de crimes de guerre et demande l’ouverture d’une enquête internationale sur les atteintes au droit international humanitaire commises tant par Israël que par le Hezbollah.

Quand on pense que tout cela avait pour but officiel de récupérer deux soldats prisonniers du Hezbollah … La guerre n’a pas permis à Israël de les récupérer, et même actuellement, il se trouve acculé à envisager ce qu’il refusait au départ : un échange de prisonniers.

En fait, on sait très bien que la récupération des deux soldats n’était qu’un prétexte et, comme le dit Georges Corm, un ex-ministre des finances du gouvernement libanais et un des analystes les plus pertinents de la situation de son pays, le but réel était de réaliser le désir d’hégémonie des Etats-Unis et d’Israël. Or, le Hezbollah était une entrave à ce but mais, comme souvent, l’utilisation de la violence brutale et massive produit un effet opposé à celui souhaité. C’est de la première occupation par Israël du Sud Liban qu’est né le Hezbollah et cette dernière guerre lui assure un succès politique sans précédent tant au Liban que dans le monde arabe en général.

Maintenant, dans les média, on ne parle plus que du déploiement de la force internationale au Sud Liban censée garantir le cessez-le-feu mais on peut douter de son efficacité quand les grandes puissances et l’ONU qui est censée incarner la communauté internationale laissent Israël braver la loi internationale en totale impunité. Depuis l’entrée en vigueur de la résolution 1701, Israël s’est permis de violer cette dernière, d’abord en montant une opération militaire dans la Bekaa visant certains responsables du Hezbollah, puis en maintenant un blocus du Liban qui est catastrophique  pour la reprise économique.

La majorité des critiques qui s’élèvent en Israël contre le gouvernement ne remettent pas en cause la justesse de la guerre au Liban mais plutôt la façon dont elle a été menée. Le Hezbollah étant toujours debout, certains pensent qu’un second round est inévitable. Que fera la FINUL, si Israël reprend des bombardements sur le Liban ? Va-t-elle avoir le mandat et les moyens de riposter ? Malheureusement, on sait très bien que non.

Le Hezbollah va-t-il abandonner toute action de résistance dans ces conditions ? Va-t-il se résigner à ce qu’Israël continue à occuper une partie du Liban et à détenir des centaines de prisonniers libanais ? On peut penser que non. La FINUL va-t-elle alors chercher à s’opposer à ces actions de résistance, au risque d’apparaître de plus en plus comme une force d’occupation, avec tout ce que cela implique ?

On aurait tort de penser que je fais là du catastrophisme mais pourquoi Israël se gênerait-il alors que la communauté internationale lui à laisser commettre pendant un mois des crimes sans précédent ? Quand il s’agit de l’Iran, les grandes puissances savent brandir les sanctions pour empêcher ce pays de se doter de l’arme nucléaire. On en est ici au stade des intentions mais, quand il s’agit d’Israël, ce n’est plus d’intentions qu’il s’agit mais de crimes bien réels et pourtant aucune grande puissance n’ose envisager de sanctions à l’égard de ce pays.

A Stockholm s’est réunie une conférence internationale pour débattre de la reconstruction du Liban. On y a beaucoup discuté de qui pourrait apporter quel fonds mais je n’ai pas entendu dire qu’a été abordée une question qui aurait dû être au centre de la conférence : exiger d’Israël et des Etats-Unis qu’ils réparent les dégâts immenses qu’ils ont causé au Liban. Ce silence est proprement scandaleux.

Au début de mon intervention, je parlais du sens de notre rassemblement. Eh bien ! Un des sens de celui-ci est d’exiger que les responsables politiques et militaires israéliens, coupables de crimes de guerre soient traduits devant la Cour Pénale Internationale ; c’est exiger aussi qu’Israël paie pour les destructions qu’il a commis au Liban.  Au sujet des sanctions pénales, je voudrais citer l’initiative du député communiste Jean-Claude Lefort qui a lancé un appel intitulé « les crimes de guerre à Cana doivent être jugés par la Cour Internationale », qui est destiné à être repris largement.

Je voudrais terminer en soulignant un élément important : il n’y aura pas de paix durable entre Israël et le Liban sans que soit réglé le conflit israélo-palestinien. Une des raisons pour cela est que sur le sol libanais, il y a environ 400000 réfugiés palestiniens qui sont là depuis qu’ils ont été chassés de leur pays par ceux qui ont créé Israël en 1948. Plus de la moitié vit dans une douzaine de camps. Ces Palestiniens, depuis près de 60 ans n’aspirent à une chose, retourner dans leur pays, même si celui-ci s’appelle maintenant Israël. Beaucoup sont originaires de Galilée. Parmi eux, certains habitaient  le village d’Al Khalisa. Ce village a été détruit en 1948 pendant la guerre de Palestine par les forces sionistes commandées par Ygal Allon et sur les décombres du village palestinien a été construite la ville juive de Kiryat Shmona qui est jumelée avec Nancy.

Ce droit des Palestiniens réfugiés au retour dans leur pays est reconnu par la résolution 194 de l’ONU mais malheureusement toutes les résolutions de l’ONU n’ont pas le même poids. En particulier celles relatives à la Palestine ont une fâcheuse tendance à rester lettre morte. C’est le cas de la 194.

Même s’ils désespèrent de pouvoir un jour retourner dans leur pays, ces Palestiniens ne baissent pas les bras et se battent pour assurer leur quotidien. Ils ont créé des associations  qui accomplissent un travail remarquable et c’est pour une de ces associations, Najdeh, que je transmis récemment un appel d’urgence. En quelques semaines, nous avons rassemblé localement 6000 euros que nous avons envoyés à Najdeh. La directrice, Leila El Ali, m’a demandé de transmettre ses remerciements aux généreux donateurs. Bien sûr, il faut continuer car les besoins sont énormes.

 

Cette page a été mise à jour le dimanche 24 septembre 2006

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