Appel 2007

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Paris, le 2 janvier 2006

 

 

Cher(e) ami(e),

 

La période que nous venons de vivre fût particulièrement pénible, tragique même pour de nombreux êtres dont le “malheur” est d’être nés...

Ils ont été encore trop nombreux à payer durement, ici en France, le prix de l’intolérance, du mépris, des pratiques discriminatoires, ainsi que des appétits présidentiels de certains.

 

Vies arrachées en plein Paris tout au long de l’année par des flammes dont le combustible fut aussi celui des politiques d’apartheid social et ethnique en matière de logement des immigrés.

 

Vies brisées insoutenables, faites de peurs, d’angoisses et de précarité extrêmes pour les sans-papiers, où l’obsession du chiffre, en terme d’expulsions, a transformé leur quotidien en enfer. Rafles dans le métro, sur les lieux de travail, dans les foyers, dans les écoles, dans les rues, avec contrôles systématiques au faciès, ainsi que justice expéditive, telle fut la réalité vécue d’une politique cruelle, inhumaine, et dégradante.

 

Les discriminations, mise en acte du racisme, se sont abattues en toute impunité (20 condamnations seulement sur l’ensemble du territoire en 2005) dans le domaine de l’emploi, du logement, des loisirs, mais aussi sur le plan institutionnel (police, emplois fermés, etc.), sans compter la discrimination civique qu’est le refus du droit de vote pour les immigrés extra-communautaires. Cette négation de l’autre dans ses droits fondamentaux a bien évidemment privé de ce droit à l’existence économique, sociale, culturelle et politique, non seulement les immigrés mais aussi leurs enfants, français que l’on continue à mal nommer « issus de », prolongeant ainsi cette immigritude racisante.

 

Ces dénis de reconnaissance et de citoyenneté, mêlés à des trop-plein de relégations, d’humiliations, de stigmatisation, furent sans aucun doute l’un des éléments fondateur et déclencheur de cette insurrection prévisible, nommée “révolte des banlieues” de novembre 2005.

 

Autre signe inquiétant les concessions idéologiques consenties à une extrême droite dont la violence des idées se trouve désormais légitimée au sein de la classe politique et d’une partie de l’opinion publique provocations verbales (“racailles”, “karcher”), mise en place d’une loi d’exception sur l’état d’urgence de sinistre mémoire (1955), promotion et réhabilitation des bienfaits de la colonisation? (loi du 23 février 2005), abrogation du regroupement familiale, expulsions massives d’étrangers, mise en place du délit de solidarité tout ceci, au-delà des dégâts que cela peut générer, nous prépare, si nous n’ y prenons garde, un autre 21 avril.

 

C’est dans ce sillage que les antisémites et négationnistes s’autorisent à redresser la tête à l’instar des déclarations de Bruno Gollnish s’interrogeant sur le nombre réel de victimes de l’extermination des Juifs d’Europe par le nazisme et les récentes provocations en Allemagne de Jean-Marie Le Pen récidivant sur le « détail ». Ils encouragent par là ceux qui s’en prennent aux synagogues et aux cimetières juifs, toutes attaques qui n’ont pas manqué cette année.

 

C’est dans ce climat que les tziganes et gens du voyage continuent de payer le lourd tribut de préjugés ancestraux et de subir les insultes d’élus de la République.

 

Chers amis, vous voyez que le panorama n’est pas réjouissant. Il le serait bien moins encore sans l’action opiniâtre, persistante, de militants et militantes malheureusement trop peu nombreux pour que nous puissions plus pleinement accomplir notre raison d’être: servir dans le quotidien le droit, la dignité et le respect dû à chaque être humain.

 

A ces défis, immenses à relever, s’en rajoute un autre, capital : celui de la survie financière de notre mouvement. En effet, notre voix - de par nos positionnements exigeant, sans concessions ni compromis - gêne et dérange. La réduction drastique de nos subventions (près de 40%) exprime cette volonté de certains de nous faire taire. C’est dire l’importance irremplaçable de la contribution de chacun d’entre vous. Le renouvellement de chacune de vos adhésions nous est, vous le comprendrez, indispensable. Je compte sur vous au nom des valeurs partagées qui sont les nôtres, au service de celles et ceux qui attendent tant de nous.

 

Meilleurs voeux pour cette nouvelle année et remerciements pour la permanence de votre soutien.

Mouloud Aounit

 

 

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