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“Il faut que l’Education publique s’empare de la génération qui naît” Cette phrase est inscrite sur le socle de la statue de l’Abbé Grégoire, édifiée à Lunéville. Qui était Grégoire? Et pourquoi Lunéville? Henri Grégoire, fils unique d’un tailleur d’habits est né le 4 décembre 1750 à Vého, tout petit village (aujourd’hui 87 habitants), situé à environ 20 km de Lunéville. Sa précoce intelligence attira l’attention de l’abbé Cherrier, janséniste, curé d’Emberménil, village voisin, qui prenait en pension des enfants de familles aisées et leur dispensait un enseignement de base : grammaire, calcul, géométrie. A 13 ans Grégoire poursuit ses études au Collège des Jésuites de Nancy où il fait de solides études en français, latin, grec, mathématiques, histoire et géographie, puis au séminaire de Metz, où il apprend la philosophie, la théologie, le droit public, qui formeront ainsi les bases de sa vaste culture. Après 2 ans de séminaire, il est ordonné prêtre et en 1782, il succède à l’abbé Cherrier à Emberménil où il s’attache à développer les connaissances de ses paroissiens en créant avec ses fonds, une bibliothèque de 78 volumes traitant de sujets variés. il voyage beaucoup, en Suisse, en Allemagne, en Alsace et fait part de ses observations aux paysans, notamment en agronomie. Doté d’une éloquence remarquable, il prône en l’église Saint Jacques de Lunéville, la réconciliation entre Chrétiens et Juifs, â l’occasion de l’inauguration de la synagogue, en 1785. En 1787, il devient célèbre par son ouvrage: Essai sur la régénération physique. morale et politigue des Juifs qui obtient le premier prix du concours organisé par la Société Royale des Arts et des Sciences de Metz. Cet ouvrage est même traduit en anglais l’année suivante. Il s’intéresse aux problèmes de son temps: l’esclavage (il se dit” l’Ami des hommes de toutes les couleurs”), les hausses de prix, le chômage et fonde même une sorte de syndicat des curés lorrains pour rénover l’Eglise et revenir à l’Eglise primitive. En 1789, il est désigné avec l’évêque de Nancy pour représenter le clergé aux Etats généraux à Versailles. Mais peu après il rejoint le Tiers-Etat et invite ses confrères à faire de même. Au Serment du Jeu de Paume, il fait grande impression - immortalisée par le tableau de David. La nouvelle assemblée, dite Constituante le désigne comme président du 13 au 15 juillet, ce qui lui permet d’annoncer aux députés la prise de la Bastille. A partir de ce moment, il ne cessera de déployer une activité inlassable : participation à la rédaction de la Déclaration des Droits de l’Homme et de la Constitution, motions sur la citoyenneté des Juifs, suppression de la gabelle, du droit d’aînesse, des privilèges, reconnaissance des droits des Gens de couleur, réforme de l’Eglise de France, et même dessèchement des marais. En 1791, iI est élu Président de la Constituante, puis, sous la Législative, il est choisi comme évêque du Loir et Cher et rejoint Blois où il fait un gros travail dans le diocèse en le parcourant et en rendant de nombreuses visites à des hôpitaux, orphelinats, hospices, collèges, etc. En septembre 1792, il quitte Blois car élu pour siéger à la Convention. Dès la première séance, ses collègues l’élisent Président. Il propose l’abolition de la royauté et la proclamation de la République, il réclame le jugement du roi sans condamnation à la peine capitale “ce reste de barbarie”, la suppression des primes accordées pour la traite des Noirs, la citoyenneté pour les Juifs, la suppression des Académies et leur remplacement par l’Institut de France dont il sera membre ultérieurement. Il donne des instructions sur les semailles d’automne, préconise l’usage de la langue française pour les inscriptions sur les monuments publics, l’ouverture d’un concours pour la composition des livres de la première éducation, l’abolition de l’esclavage, la liberté des cultes (21 décembre 1794), la création de bibliothèques “ateliers de l’esprit humain. Que la raison publique s’avance à pas de géant et que tout concoure à la gloire et à la prospérité de la République.”, la plantation des arbres de la Liberté, la conservation du Jardin Botanique du Roi et sa transformation en Muséum National d’Histoire Naturelle, la création des Jardins botaniques dans les provinces, la suppression des patois, la création d’une nouvelle grammaire, la lutte contre le vandalisme (terme créé par lui), la création d’un Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) (qui) “sera le réservoir dont les canaux fertiliseront toute l’étendue de la France”. Le 30 juillet 1793, il contribue à l’ouverture à Paris de la première Ecole Normale pour former les instituteurs et déclare “Vous ferez sans doute entrer dans le plan de régénération des Ecoles normales pour former les instituteurs. S’ils sont bons vous aurez tout: avec eux, l’instruction et la vertu pénétreront l’enfant par tous les sens, ils l’entoureront sans cesse de leur expérience, ils feront sortir la morale de tous les évènements, ils feront naître des circonstances pour combattre les idées fausses et en prodiguer de saines, pour faire sentir aux élèves que leur bonheur se lie à l’intérêt général. Dans nos collèges, on n’a guère travaillé jusqu’ici que pour briller, nos élèves travailleront pour devenir bons” il obtient un décret sur les encouragements et récompenses à accorder aux savants, gens de lettres et artistes. En pleine Terreur, Grégoire parait à la Convention et même la préside, en soutane, bas violets, calotte et croix pectorale. “Il n’y a pas de vertu sans courage” dit-il, Il échappe à l’échafaud car le pouvoir ne l’intéresse pas. En 1795, son projet d’un Bureau des Longitudes est adopté, puis la Convention s’efface devant le Directoire où Grégoire devient membre du Conseil des Cinq-Cents. En 1798, son mandat est terminé. Il aide alors à la mise en place des collections du Conservatoire National des Arts et Métiers. Puis il oeuvre à la mise au point d’une Eglise gallicane et à la préparation d’un Concile national, le tout étant ruiné par le Concordat signé entre le pape Pie Vil et Bonaparte. Fin décembre 1801, ii est élu au Sénat, malgré l’opposition de Bonaparte puis il voyage en Angleterre, Belgique et Pays Bas. il participe à la nouvelle rédaction du Théâtre d’Agriculture d’Olivier de Serres. Dans les années suivantes, il voyage et publie sur les Juifs, la “Littérature des Nègres et sur leurs facultés intellectuelles, “Les ruines de Port-Royal des Champs”, ouvrage qui déplaît à l’empereur, puis “Histoire des sectes religieuses”, saisi par Fouché, ministre de la Police. Nommé Comte et Commandeur de la Légion d’Honneur par Napoléon, ii rédige secrètement un projet de déchéance de l’empereur. Mis àl’index par la Restauration qui en fera comme il le dit “un persécuté, un proscrit, puis exclu en 1816 de l’institut qu’il a fondé, il est même privé de la pension accordée aux anciens sénateurs et doit vendre sa bibliothèque pour survivre. Il continue d’écrire et de publier des articles et des brochures préconisant une association des savants, sur l’Eglise gallicane. En 1819, proposé comme candidat-député à Grenoble soutenu par Stendhal il se présente. Elu, il est non pas invalidé, mais exclu de la Chambre pour “indignité” car malgré ses protestations, considéré comme régicide. Louis XVIII s’écrie” Le Jacobin, le régicide par lettre, le sénateur, l’évêque que schismatique, l’expression abominable de la Convention.! Janséniste fanatique, dangereux par sa science, ses vertus privées, son désintéressement, sorte de fagot d’épines, honorable du parti! L’introduire à la Chambre des députés, l’appeler à prêter serment entre mes mains, c’est le comble de l’audace. Ou je sortirai du royaume une troisième fois, ou Henri Grégoire n’entrera pas à la Chambre des députés». il continue d’écrire sur la condition des femmes, la cruauté des Turcs sur les Grecs, les moeurs des Haïtiens, la traite des Noirs, la solidarité littéraire entre savants du monde entier, l’histoire des confesseurs des souverains et princes. La Monarchie de Juillet ne le rétablit malheureusement pas à la Chambre des Pairs, ni à l’Institut, mais elle lui donne l’occasion de saluer le retour du drapeau tricolore. En 1831, sa santé s’altère. Pour obtenir les derniers sacrements, il devrait se rétracter sur le Serment constitutionnel. Il refuse. Malgré l’opposition de l’archevêque de Paris, ses obsèques auront lieu dans une église réquisitionnée par l’autorité civile. Un cortège de plus de 20 000 personnes le conduit au cimetière Montparnasse, malgré une pluie battante. Des étudiants se chargent de tirer le corbillard sur la fin du trajet. En 1885, une statue en bronze financée par souscription publique et subventions, est érigée â Lunéville. Mais en 1942, ce défenseur des Juifs gêne les nazis qui emportent la statue qui disparaît. En 1955, une autre statue en pierre la remplace. Sa maison natale à Vého fut détruite en 1914 ainsi que son église à Emberménil détruite une nouvelle fois en 1944. Le 20 décembre 1989, les cendres de Grégoire font leur entrée au Panthéon avec celles de Condorcet et de Monge. Des cérémonies ont lieu à Vého et à Emberménil où une stèle en granit est édifiée, puis une maison muséographique, éclairée par 13 vitraux modernes rappelle au public les grandes lignes de la vie de cet homme exceptionnel, grand humaniste, infatigable homme d’action, défenseur acharné de toutes les libertés, pédagogue éminent, et cofondateur des Ecoles normales. |
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